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Entre moi et moi
Hera - Picabia 1929 - huile, gouache, fusain, crayon sur panneau (Beaux Arts magazine)
Entre moi et moi
Je suis une vieille dame comme l'on dit poliment, je me côtoie depuis fort longtemps, est ce que pour autant je me connais bien? pas si sur ... certains de mes vieux amis, qui de plus en plus se font rares matériellement, pour cause en particulier de vieillissement qui apporte des difficultés à se déplacer et de maux physiques, Dieu merci il y a le téléphone, donc certains de mes amis me disent : - ah! je te reconnais bien là !, d'autres : - c'est pas possible ça n'est pas toi !, certains qui ne m'ont pas beaucoup côtoyée me trouvent aimable, d'autres au contraire imbuvable. Dans ces conditions comment voulez-vous que l'on si retrouve !..
Le ou la Covid a fait que je reste en tête à tête avec moi-même, j'ai donc essayé de mesurer si j'étais de bonne compagnie ..! j'ai pu constater que je me supportais, que je m'invectivais si par hasard je trouvais le moyen de ne pas faire ce que j'avais prévu et que particulièrement je pensais à plusieurs choses à la fois et que je les oubliais toutes en quelques minutes et passais mon temps à essayer de me les rappeler, je peux vous dire que ça vous raccourci une journée !.. dire que quant j'avais 15 ans je trouvais le temps interminable!.. maintenant je lui cours après sans savoir parfois pour quelle raison!..
Sans doute ne se connaît-on pas vraiment, on a des réactions qui nous surprennent, je penses (je ne suis pas la seule) que toute sa vie on se construit et surtout que ... les évènements nous construisent.
Pour la même raison on ne connaît pas vraiment non plus ses proches, ses amis je parle de personnes que nous fréquentons depuis de nombreuses années pour prétendre être sur de leur réactions.
Il advient de découvrir double visage à une personne que l'on croit bien connaître, par le biais d'un quiproquo, d'une situation qui change l'ordre des choses, d'une opinion que l'on était sur de partager, on est stupéfait croyant bien connaître le personnage, tout d'un coup nous avons un, une inconnu(e) devant nous, ça peu faire mal, dénouer une relation qui semblait aller de soi.
Il arrive aussi de côtoyer quelqu'un qui pratique cyniquement le double jeu, heureusement situation plus rare dans la vie quotidienne, si cela arrive on est paumé devant tant de perversité et dégouté de la relation entretenue avec une telle personne.
Il y a des situations difficiles à vivre, des déceptions que l'on garde pour soi, alors il faut consoler sa peine.
Quelquefois dans ce cas si nous tenons trop à ces personnes pour diverses raisons, afin d' alléger nos émotions, on fait en sorte de ne voire que ce que l'on veut bien voir, d'entendre que ce que l'on veut bien entendre, on ne fait pas de vague, après tout est ce nous qui nous trompons en croyant détenir la vérité?..
Julie Fleurie
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Noël en 1884
Les noëls passent et ne se ressemblent pas, ce matin là la petite fille de 11 ans découvre avec émerveillement que le père Noël lui a apporté une orange.
Nous sommes en 1884 elle habite une région Auvergne Rhône Alpes ou les orangers seraient incongrus si ils y poussaient, ce fruit couleur du soleil l'éblouie, le manger lui fait envie en même temps le garder un peu pourquoi pas, il sent si bon.
Elle n'est pas seule dans sa fratrie ils sont 7 frères et sœurs elle en est l'ainée, les parents offrent ce qu'ils peuvent pour gâter tout le monde, en plus les aînés à l'époque étaient vite vus comme presque adultes et responsables.
Ils ne sont pas vraiment pauvres, ils ont une ferme, mangent à leur faim, l'été en guise de poupée elle joue avec un épis de maïs la barbe du légume sert de cheveux.
Mon arrière grand mère gardait un souvenir éternel de l'orange et de l'épis de maïs, pour elle c'étaient des souvenirs heureux.
Julie Fleurie
Robot jouet Japonais - "Bhals hyavanl" fin XXe s (Beaux arts magazine)
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Je radote
Chapeau de paille au feuillage bleu - Pablo Picasso 1936 - huile sur toile (Beaux Arts magazine)
Je radote, je radote, je radote
Ce matin au levé mon cerveau s'est mal emboité
J'ai perdu ma boîte à idées, est-ce grave? y a t-il antidote ?
J'ai aussi perdue la case réalité,
J'ai pourtant rajusté le tout tant bien que mal,
La tête et ses tiroirs, mis de côté les rêves
De la nuit, malgré cela je raisonne bancal.
Pourtant l'engrenage est bien huilé, il doit marcher sans trêve.
Pour que la journée s'articule sans perdre son temps.
Récapitulons, .. au levé café au lait
En suis- je bien sur? n'y a t-il pas contre temps?
La pendule me presse, elle se complet
A avancer ses heures à toute vitesse
Je suis obligée d'accélérer l'horloge de mon cerveau
Mon train de vie n'est pas un express !..
Mon cerveau est vieux, il vaut ce qu'il vaut !..
Existe t-il des pièces de remplacement ?..
Me narguant le sable à toute vitesse rempli le sablier.
Ne réfléchie plus, accélère le mouvement
Je cherche encore sous l'oreiller le tiroir oublié.
Mon cerveau sous le couvercle bout pire qu'une marmite
Possible que de ce maelstrom va germer
Une idée subite
J'arrêterai enfin de ramer
Je radote, je radote, je radote
Julie Fleurie
Mechanical Bodhissattva (extrait) - Wangziwon - 2010 urétane, métal, machinerie (Beaux Arts magazine)
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Commentaires
5Betty....Dimanche 19 Décembre 2021 à 08:52Bonjour Julie
L'important n'est il pas de se connaître soi même
La solitude nous y engage d'ailleurs
L'introspection est le plus riche enseignement
Pour ma part je vais vers les personnes qui me vont , avec qui je me sens bien
Je te souhaite de bonnes fêtes ,
Je suis bien d'accord, on ne se connait pas vraiment soi même. Qui sait ce que nous aurions pu faire ou être dans d'autres circonstances ? Alors comment prétendre connaître quiconque d'autre ? C'est très présomptueux.
En tous cas, tes neurones me semblent bien fonctionner ;-)
Merci pour ton texte de Noël, un autre temps. Etait-ce mieux ou pas, je n'en sais fichtre rien, en tous cas, certainement des enfants moins blasés.
Et un bien joli poème également.
Bises et bonne soirée
On ne connait jamais un ou une amie au plus profond de lui ou d'elle
Et , est-il vraiment important d'approfondir lorsque l'amitié est installée depuis de nombreuses années ???
Chaque être à sa personnalité et il faut être tolérant et ne pas prêter attention à une petite parole froissante .
J'ai des amis depuis plus de 40 ans tous sont différents avec leurs qualités , leurs défauts s'ils en ont je ne les
ai pas remarqués .
Nous nous épaulons dans les moments difficiles et dieu sait qu'il y en a eu et qu'il y en aura encore ......en vieillissant
c'est inévitable .
Alors pardonnons , aimons nous et aidons nous .
Je te souhaite une belle soirée JULIE , amitié
Bertille
on connait tellement mal nos soit disant amis que le jour ou on découvre une facette tout autres de ce qu'on croit la fin de cette amitié et souvent proche. Bisous
Ton cerveau n'a pas l'air en si mauvais état, lui, que je ne côtoie qu'à travers tes écrits...
Même si parfois il tic tac au ralenti, il tic tac bien avec des notes d'humour et d'esprit...
Ainsi fonctionne l'horloge de l'existence, prudence petits pas, sur les chemins de la vie...
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Bonjour Julie
Il n'y a, je crois que devant le miroir ou dans les moments de solitude qu'on est soi-même: on se regarde, on s'écoute, et on regrette ou on est satisfait, mais on ne se ment pas... En présence d'une personne proche, appréciée, notre discours est vrai mais arrondi, pas complaisant ni flagorneur mais aimable et attentif pour ne pas blesser. Devant des "inconnus", on peut parfois cacher un de nos "traits" ou au contraire l'accentuer à dessein... Que ce soit dans un cas ou dans l'autre, à mon avis nous ne sommes pas tout à fait "nous"...! Quant à la clémentine nous sommes peut-être la dernière génération à l'avoir connue le jour de Noël... Mais là, moi aussi, je radote...!
Amicalement
Pierre