Photo de couverture du livre "Cher Maître" de Franscesco Mariuliano -aux éditions Chiflet et Cie

Mes chats et tous les autres

Je croise, incidemment, au hasard du  rangement entrepris dans ma bibliothèque, le regard franc, direct de ces yeux bleus /verts, regard impératif qui semble me dire : - avoue tu as envie de parler encore de nous ... une fois de plus dire ton ressenti sur mes semblables, ne le nie pas c'est une véritable histoire d'amour, tous ceux de la gent féline qui ont partagé ta vie son derrière moi pour confirmer, dès le premier contact ils savaient qu'ils s'entendraient avec toi et qu'il y aurai une tendresse attentive sans que tu empiètes trop sur leur personnalité, car nous en avons, oui je vois que tu opines  la tête "d'acquiescement", aller prend ton stylo, une page ou deux ça n'est pas le bout du monde ton affection pour nous n'est pas tarie, tu le sais bien nous sommes toujours très réceptifs quant l'on sent cet espèces de courant positif qui passe entre un humain et nous.

Jeu de chatons Cornelis Raaphorst (1875 - 1954)

Moi de lui répondre : - J'ai compris petit rouquin, je ne peux en effet pas me passer de vous ou tout au moins faire avec ce qu'il me reste, soit mon stylo mais cela est entre vous et moi, manière de rester en contact sans faire de vague, d'ailleurs  ça ne pourra pas aller loin, cela dormira dans le cahier de ma vie qui en fin de compte n'intéresse personne sauf peut-être ceux humains, animaux qui m'ont apprécié, aimé et que moi j'ai apprécié et aimé.

Bien sur chers boules de poils que je vous ai beaucoup observé, j'ai  caressé votre pelage si doux au touché qu'il soit d' apparence tigré, écaille, uni, tacheté de couleur rousse, grise, noire, blanche, sans poil (là j'avoue que je n'en connais pas la sensation), admiré ces yeux aux couleurs changeantes d'Agathe vert, bleus, marron, avec ce regard scrutateur, attentif, doux , noir de courroux , d'effroi, de peur qui peut-être implorant et aussi plein de douceur, d'affect.

A vous seuls vous êtes un personnage incomparable, aux mouvements :

- Gracieux, précis, souples, par exemple toi chaton quant tu te vautres et joues sur la tête, le ventre, de ta mère que tu fais des pirouettes, roulades et finis par agacer tant soit peu celle-ci qui  montre son impatience par des mouvements de plus en plus rapides, saccadés et nerveux de la queue alors que pour toi c'est le summum d'un appel au jeu d'adresse "attrapera, attrapera pas cette sorte de serpent agité de soubresauts" , de guerre lasse tu reçois de la part de ta maternelle un coup de patte  bref et bien appliqué qui cette fois explique qu'il est temps d'aller voir ailleurs si elle y est.

Jeu de chatons Henriëtte Ronner-Knip (1821 -1909)

Tu pars l'air de rien en te dandinant voir si un peu plus loin un de tes frères ou sœurs sera lui ou elle disposé(e) à partager ton sentiment d'être dans le meilleur de ta forme et ainsi de vouloir partager un jeu... justement voilà l'un de tes frères qui a découvert sur le tapis une petite bête insecte à la carapace gris vert qui paraît être dans une mauvaise posture d'une part par ce qu'elle est prisonnière des fils de laine du tapis et en même temps peut-être ressent-elle le regard aigu envoyé par une prunelle rétrécie, oreilles en alerte, une présence changée en statue mais qui tout de même diffuse vers elle un souffle de vie, donc double danger, mais toi tu as besoin d'action il n'est pas question que ton frère ne participe pas au plaisir de la bataille intitulée "qui est le plus fort" et hop! ni une ni deux les muscles se détendent d'un jet, gracieux, tu es sur le dos de ton frère, la punaise des baies d'un coup d'un seul est éjectée de sa prison laineuse et en profite pour s'envoler sans demander son reste.

Mes chats et tous les autres vous m'avez appris,

- La patience, qui de plus patient que vous quant par exemple dans un pré vous observez quelque chose de vivant , insecte, souris ou autre qui vous intrigue ou que vous convoitez, à ce moment là il peu y avoir du bruit alentour, vous n'existez plus, bien entendu quant vous savez que vous n'avez rien à craindre de ce qui se passe en dehors de votre intérêt du moment, vous avez juste jetez un petit coup d'œil sur le côté pour vous rassurer sur votre sécurité et de nouveau l'immobilité, derrière le regard aiguë, fixe, concentré, le cerveau travail, mesure, calcul le moment opportun précis ou le corps devra se détendre et ne pas rater l'objet désiré.

- L'observation, la possession, la curiosité, tout vous intéresse, preuve d'intelligence,  à votre arrivée dans une nouvelle habitation (maison, appartement) tout vous interpelle, il faut que vous vous appropriez le lieu, vous aimez voir dans quel milieu vous vivrez, une fois que votre curiosité est satisfaite et que vous vous êtes donnez à vous même l' assentiment, rapidement  tout vous appartient, les habitants, l'espace intérieur, extérieur et tout ce qui le rempli.

Autoportrait Léonard Truguharu Foujita - huile et gouache sur toile 1928 - Beaux arts magazine

- Le regard, ce regard scrutateur et réfléchi, un de nos chats Mickey perché sur une barrière de bois, genre saloon qui partageait une de nos pièces, regardait passer notre chienne caniche Praline qui devenait  âgée, plus très en forme, le regard de Mickey semblait dire : ma pauvre vieille, tu as l'air bien atteinte, combien de temps te reste t-il?.... Peut être ai je mal traduit ? mais ce regard était parlant, d'autant que en règle générale Mickey était plutôt indifférent en apparence à la gente canine de la maison tout au moins concernant Praline, alors qu'il était plutôt agressif avec ceux de l'extérieur et aussi quelques années plus tard avec mon autre caniche Lola, mais cela est une autre histoire.

- La convivialité entre vous oui ça existe je l'ai constaté, mon chat Mouchka, un amour de chat, aimait ses semblables au contraire d'une autre habitante féline de la maison Suzette tigrée et "tigresse" que j'ai aussi beaucoup aimée mais là encore c'est une autre histoire, j'en reviens à Mouchka qui avait pour habitude de se réunir avec les chats du voisinage qui passaient le voir en toute quiétude certains jours, en fin d'après-midi, l'hiver cela se passait dans le hangar attenant à la maison, Mouchka couché confortablement sur la terre battue, un chat sur un tonneau, un autre sur une table, un autre sur une brouette cela dépendait du nombre ils se regardaient, une ou deux fois j'ai voulu constater ce qui se passai... j'ai été acceptée, assise au milieu d'eux sans bouger, la confiance régnait, et bien il ne se passait RIEN, disons qu'à mon niveau humain je ne captais rien sinon des regards sans agressivité, un atmosphère de méditation, je me serai cru dans un monastère bouddhiste, pur moment d'apaisement. L'été cela se produisait à l'extérieur, l'ambiance était moins à la méditation pour cause l'environnement estival plus dérangeant, brins d'herbe qui bougent, bourdonnement d'insectes, oiseaux qui chantent, par contre à partir de 19h Lola notre caniche trouvait que la réunion avait assez duré, systématiquement elle renvoyait les chats étrangers à notre clan familiale chez eux les coursant sans leur faire de mal, elle ne se trompait pas, les nôtres ne bougeaient pas, personne avait peur.

- L' affect pour ceux que vous aimez, que vous avez choisi, car si vous n'êtes pas enfermés et que vous avez la possibilité d'échapper à ceux qui ne vous apprécie pas ou que vous même avez du mal à vous sentir bien avec le monde qui vous entoure, vous pouvez vous rendre SDF et chercher ceux qui pourront vous comprendre, j'ai connu l'un d'entre vous qui s'ennuyait avec ses maîtres, nous étions voisins, qui peut-être aussi ne prenaient pas le temps de le câliner, il venait chez moi chercher un peu de chaleur humaine il ne réclamait pas à manger, il aurai d'ailleurs pu se servir, mais quémandait de l'attention c'était flagrant. Quand c'est le moment décidé par vous, quels câlins vous êtes, quel plaisir de sentir sous les doigts la douceur de ce poil et entendre ce ronronnement de contentement, bien sur arrive l'instant où "stop...ça suffit, je descend, ne m'en veut pas, j'ai eu mon compte".

Jouons au chat et à la souris - "Cher Maître" Livre de Franscesco Mariuliano

Vos détracteurs vous traites d'hypocrites et cruels.

Hypocrites ?... je suis loin de vous voir comme cela vous êtes tout simplement vrais, vous aimez ou vous n'aimez pas, vous choisissez ce qui vous convient dans le moment, vous avez gardé le sens de la liberté du temps très, très lointains où vous étiez sauvages, vous ne vous êtes pas complètement laissés apprivoisés, c'est ce que j'aime chez vous cette indépendance et ce droit de choisir QUI vous plait, le moment qui vous convient et ce que vous avez envi de faire ou ne pas faire, quelle tristesse quant je vous vois quelquefois prisonniers de la bêtise humaine, injustement traités, là aussi il y a beaucoup à dire (cela m'entrainerai trop loin je serai obligée d'y joindre  mes amis les chiens et malheureusement d'autres animaux et aussi tristement des humains, enfants et adultes). Cruels ?.. oui sans doute quant vous jouez avec votre proie et cherchez à tuer, je ne dois pas le nier mais là aussi cela fait partie de votre patrimoine ancien de chasseur que vous avez gardé dans vos gênes, quelquefois quant vous êtes abandonnés dans la nature cela vous sers.

En conclusion vous et mes amis chiens PANSEZ souvent notre mal être, compagnons précieux, vous êtes des sages aux multiples personnalités.

Julie Fleurie

Interieur d'atelier à la chatte siamoise - huile sur toile de Daniel de Montfreid xxe siècle - "Le chat l'Art" de Brigitte Bulard Cordeau éditions Delville