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Le chat, l'oiseau et la souris
Le repos Jean François Gilles Colson 1759 huile sur toile - Brigitte Bulard Cordeau "Le chat et l'art"
Le chat, l'oiseau et la souris
Temps d'automne avancé
Flambée joyeuse dans l'âtre
Messages, façon tatouages, sur les vitres tracés
Arabesques liquides sur fond blanchâtre
Résultat d'un contraste froid humide
Combattant avec l'intérieur où se diffuse une douce chaleur
Distribuée sans restriction, ici on partage, le cœur n'est pas timide.
Dehors la coupe des bûches s'est faite avec ardeur.
Dans sa corbeille, "Pantoufle", mon chat rêve vibrisses en mouvement,
Me voilà à imaginer minet poursuivi par un oiseau et lui coursant une souris.
Ma somnolence s'accentue, je m'invite dans son rêve héroïquement,
Voulant sauver l'oiseau et la souris, j'avoue je suis de partie pris.
Tico Tico (un rat) rencontre un chat - photo Ylla 1950 New York
Manipulé par ma volonté l'oiseau atterri sur le dos de "Pantoufle" la souris subitement
Profitant de la stupeur du matou, bifurque et détale comme un voleur
Dans le premier trou venu, l'oiseau qui venait de sauver son nid, fait prélèvement
Sur le dos félin d'une touffe de poil du plus beau roux qui donnera douceur
A ses oisillons car il est père de famille.
Dans mon demi sommeil j'entend un ..Miaou rageur, réprobateur,
Mon intervention imaginaire à t-elle été la brindille
Qui a fait déraper une convoitise gourmande, pleine d'ardeur ?.
Cher maître livre de Fransco Marciuliano
Je me réveille découvrant Pantoufle le regard posé sur moi, me semble t-il accusateur,
Puis se réinstallant douillettement, l'air de rien il met en route un ronron avec amplificateur.
Julie Fleurie
Massif de la Chartreuse Dent de Crolles - photo Sébastien Liot
Renaissance modeste
Un filet aussi transparent que du cristal, fluide, s'écoule sans discontinuer, passage incertain presque timide entre deux roches calcaires, voilà la naissance de ce qui deviendra après avoir été ruisselet, ruisseau, puis rivière, fleuve, la vie .... quoi!.. de ce qui constitue un élément essentiel sur cette planète.
Le cheminement, dans les entrailles rocheuses, de ces eaux souterraines est parfois très long devenant nappe phréatique profonde, cependant pour certaines d'entre elles il arrive un jour où elles trouvent la sortie de cette prison pour prendre la clé des champs.
Cycle sans fin de la vapeur d'eau venue des Océans, des mers, des lacs, des étangs etc.. engrangée par les nuages qui au gré de leurs arrosages orageux la distribue sur les plaines, les montagnes sur tout ce qui constitue notre mère terre, cette eau de pluie s'infiltre dans la terre, la roche, pour bien plus tard réapparaître ou être puisée.
J'accompagne, histoire de prendre l'air, la renaissance modeste d'un petit filet d'eau sortant curieux de sa gangue de pierre, il arrive qu'il y est des touristes qui viennent assister à ce retour à la vie jugeant que telles sources méritent que l'on vienne les saluer à leur toute première bouffée d'oxygène étant avéré qu'ensuite le petit vermisseau portera un grand nom Loire, Rhin, Rhône, Tage, Vistule, Elbe et bien d'autre.
Ma petite source est inconnue, je vois ondoyer son eau limpide, dénuée de microbes sans doute, glissant intrépide sur cette piste rocailleuse, joyeusement s'élançant de roches en roches, apercevant ici un mouflon qui s'aventure à s'abreuver dans son lit, là une marmotte affairée qui se rafraichit sans lâcher sa vigilance, la voila déjà utile, elle n'est plus à sa source de vie, elle devient un voyageur nommé ruisseau qui rencontre ses semblables se joignant à lui l'aidant à devenir cours d'eau.
Le rif Garcin du massif Taillefer l'Oisans Alpes
L'air est doux, quelques herbes, rares encore, se gorgent d'humidité, une cascade se présente avec peu de degrés à descendre, tout de même la vitesse subite occasionné donne de la vitalité au ruisseau qui commence à s'étoffer grâce à ses frères petits ruisselets le coin est riche en liquide, une autre pente se présente plus impressionnante que la première, depuis son parcours il a pris de l'embonpoint il s'entend murmurer une mélodie harmonieuse répétitive, puis déboulant dans la descente imposée, plus rapide, il prend conscience de son existence et peut-être même de son importance, la mélodie enfle plus puissante, une plaine se dessine devant lui, la pente devient plus douce.
Vallée du Bes entre Cantal et Lozère - L'oiseau mag
Le voilà devenue rivière, transformation oblige, prenant son temps elle perçoit une végétation où s'activent papillons et insectes, elle sent dans ses eaux de la vie, des mouvements fluides, nerveux, elle voit miroiter au soleil les écailles de ses habitants, le voyage est de plus en plus intéressant, instructif, un peu plus loin elle a encore grossie, un pécheur paresseux attend que sa ligne l'avertisse, par une sonnerie astucieuse, de la prise.. un vairon ? une ablette? un brochet ? elle ne connaît pas les noms mais elle sent qu'elle en héberge beaucoup.
Plongeon Catmarin - côte sud de l'Islande - nidification dans les eaux douces lacs, étangs
ils ne vivent pas dans les rivières, ni fleuves, après nidification en eau douce ils rejoignent la mer. L'oiseau Mag
Elle a grossie, elle est devenue rivière respectable qui bientôt va s'unir à un fleuve, sur sa route des vaches, des moutons, des chevaux paissent, les hérons font leur marché, les canards col vert font leur nid, les mouettes rieuses se mirent dans ses eaux avant de plonger pour boire de son eau, les cormorans, "bêtes noires" des pêcheurs, prélèvent leur dû, elle est utile à tant et tant d'êtres vivants.
Rejoignant un fleuve comme l'ont fait ses sœurs elle sera baptisée d'un nom prestigieux, ou pas, peut être restera t'elle une rivière, le périple se terminera par le mariage eau douce, eau salée d'un océan, d'une mer, d'un lac dont les eaux en s'évaporant feront continuer le cycle... la renaissance.
Julie Fleurie
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Cher Maître - Francesco Marciuliano
On dirait que je dors,
parce que mes yeux s'effilent
jusqu'à sembler le prolongement
du trait velouté, coup de crayon hardi,
maquillage oriental et bizarre,
qui unit mes paupières à mes oreilles.
Je veille pourtant.
Mais c'est une veille de fakir,
une ankylose bien heureuse
d'où je perçois tout bruit
et devine toute présence...
Colette
Extrait de Douze dialogues de bêtes
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Commentaires
5BalalineSamedi 4 Décembre 2021 à 17:47Les animaux sont parfois surprenants par leur mimique ou leur réaction ; c'est toujours une joie d'observer leur comportement et de les regarder vivre . Quant à la petite goutte de pluie qui s'est grossie de mille amies, elle arrivera bientôt à se perdre dans un grand fleuve ! Beau dimanche JulieRépondreBonsoir Julie
"Le rêve, il n'y a que ça de vrai... ! " "Mais non, c'est la vraie vie qui est un rêve...!" "c'est l'imagination qui fait la vie..."
Alors imaginons en mots et en images ... Et que la source nourricière aille toujours à la mer après un long et beau voyage...
Amicalement
Pierre
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Vendredi 3 Décembre 2021 à 12:31
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Ton rêve est presque une histoire vécue. Une de mes minettes a ramené un jour une souris qui s'est échappée et s'est réfugiée sous la queue de l'autre minette dormant qui n'a rien senti, rien remarqué. Et l'attente fut longue pour la prédatrice, car la soeur féline n'était pas sa préférée. Elle n'osait donc pas la réveillée sachant qu'elle risquait le coup de pattes. Puis, le sommeil étant contagieux, le soleil chaud et la souris patiente, ma minette sentit le sommeil la gagner. La souris en profita pour filer. Nous avons profité du spectacle de ce curieux trio, le sourire aux lèvres.
Belle narration de la vie de cette petite source devenue fleuve venant se jeter dans la mer. J'ai beaucoup aimé la lire.
Belle journée Julie
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Mercredi 1er Décembre 2021 à 09:25
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