La cathédrale 1908 - Pierre Auguste Rodin

Muets mais si expressifs

Monde figé dans une pose éternelle, je parle des représentations statufiées,  à chacun de nous ce monde  raconte  quelque chose,  il fait remonter en nous des émotions très diverses, comme également il peu nous laisser totalement indifférent. Bien entendu il y a les vrais connaisseurs qui sauront décortiquer à quel courant artistique tel réalisation appartient, quel était la vie de son créateur etc..etc.. je ne suis pas intellectuelle, ni érudite, ni spécialiste, je veux montrer simplement des œuvres qui en toute simplicité parlent à mon subconscient surtout à ma sensibilité, ayant peu de place ne prenez pas peur je ne fais suivre qu'un nombre réduit d'oeuvres parmi celles qui m'inspirent. Si cela vous intéresse faites comme moi et exprimez vos impressions sur les personnages, si je puis dire, qui vous parlent comme je le fais ou peut-être avez vous d'autre coup de cœur sur une sculpture bien entendu absente de mon panel.

Les bourgeois de Calais 1889 - plâtre Pierre Auguste Rodin - matricer de ce que sera le statuaire en bronze

Ces 6 hommes humiliés payant de leur sacrifice pour sauver l'ensemble des habitants de Calais (Août 1347), grâce au talent de Rodin qui en a ressenti la mortification, on peu lire sur ces visages l'accablement , l'abandon face à l'ennemi , matériau inerte qui pourtant représente une scène animée, vivante.

nu féminin se penchant hors d'un vase antique de forme globulaire 1895 1910 - Pierre Auguste Rodin plâtre et terre cuite

Puissance créatrice de Rodin on sent l'effort que doit faire cette femme pour s'extraire et  en même temps une certaine désespérance bien que l'on ne voit pas son visage, on peu se figurer la naissance d'une œuvre, l'effort que demande la création.

Captif l'esclave mourant - Michel Ange 1513 1515 - marbre

Et oui.. Michel Ange et ses statuts masculines musclés là ou il faut, l'homme est sans doute mourant mais il y a beaucoup de sensualité, le visage est presque extatique peut être Michel Ange veut-il nous faire comprendre que déjà cet homme est arrivé ailleurs où enfin il trouve ce qui lui a été interdit sur terre.. il a la tête d'un mourant heureux, la vie ici bas était pour lui trop lourde à porter n'oublions pas qu'il était esclave et bien sur captif, vient-il d'accéder à la liberté?

La femme accroupie vers 1881 1885 - Pierre Auguste Rodin - plâtre

Quel travail!.. le plâtre* a été malaxé, trituré dans tous les sens pour céder aux injonctions de l'artiste qui savait ou il emmenait sa réalisation, cette malheureuse créature est depuis plus de 100 ans dans une position difficile à tenir !... Mais elle tient le coup pour plaire à son maître créateur.

N'oublions pas non plus que des modèles servent à l'inspiration des artistes de tout bord parfois ceux-ci doivent endurer des immobilités tortionnaires.

* les créations de Rodin que je  montre  viennent de photos prisent dans les ateliers  de fondeurs de bronze où en finalité ses œuvres étaient terminées devenant des statuts de métal, ou dans ses propres ateliers où étaient entreposés des blocs de marbres et où ses collaborateurs sculpteurs travaillaient dans ce matériau les pièces modelées par le maître. Ces statuts en plâtres sont donc les matrices de ses créations connues.

Tête de femme 1912 Amédéo Modigliani - Pierre blonde d'Euville

Simplicité des traits inspirés de l'art Kmer, ce visage nous invite à la plénitude, malgré l'illusion de l'économie de son exécution elle nous parle. Modigliani adepte du trait minimaliste qui malgré tout peu nous en dire long.

La femme qui marche dans l'eau - Aristide Maillol - bronze

Corps vigoureux, voluptueux Maillol sait faire parler ses créatures, on ressent dans la marche entreprise par son modèle que l'eau freine l'avancée des jambes, superbe, majestueux.

Quel chance d'avoir le jardin des Tuileries près de chez soi ..

L'objet invisible 1934/1935 - Alberto Giacometti - bronze

Ici Giacometti a étoffé son personnage à l'encontre de  son homme qui marche filiforme produit en grand nombre, en plus c'est une femme !..ça n'est pas non plus la seule dans ses créations, elle très expressive de part son gestuel non pas par son curieux visage plutôt énigmatique, elle est intitulée "l'objet invisible" si c'est Giacometti qui l'a baptisé ainsi il avait ses raisons, pour mon compte elle me donne plutôt l'impression de tenir une conversation plutôt qu'un objet qui n'existe pas, ou alors est-ce elle l'objet invisible? n'exagérons rien je pense qu'il n'y a aucune misogynie dans l'œuvre.

Nous nous sommes rencontré à la fondation Marguerite et Aimé Maeght à St Paul de Vence.

Le sommeil 1908 - Constantin Brancusi - Marbre

Chut.. ne la réveillons pas !.. magnifique représentation du sommeil, elle dort à poings fermés, cette  belle endormie prise dans le marbre semble être dans un univers cotonneux, celui des rêves ... sans doute. Brancusi  à su sublimer le visage féminin et la rendu beau avec peu de creux et de bosses, presque rien et ils sont magnifiques.

Jeune homme assis 1916/1917 - Wilhem Lehmbruck - bronze

Svelte jeune homme, accablé, on a vraiment envie de le consoler. Belle réalisation aspect de souplesse dans le carcan rigide du bronze.

Tête féminine région d'Angkor style Bayon - grès - musée Guimet

Yeux sans iris, bouche charnue, sourire énigmatique empreint de douceur, sa contemplation nous emmène dans l'introspection du "moi".

La ville détruite 1951/1963 - Ossip Zadkine - bronze

Un cri de désespérance, le corps torturé l'homme ne croit plus en l'humain, quelle réalisation !.. , l'artiste y a mis toutes ses tripes.

* l'œuvre a été réalisée pour exprimer la colère et la tristesse contre la destruction de la ville de Roterdam pendant la dernière guerre mondiale.

Le baiser 1881/1882 - Pierre Auguste Rodin - marbre de Carrare

Magnifique moment d'abandon, éternisé au cœur d'un matériau au rendu d'une grande finesse qui pourtant pour la réalisation est malmené à coup de burin, maillet, ciseaux, râpes pour reproduire exactement l'inspiration de l'artiste, celui-ci en finalité accouche de créatures admirées et célébrées dans le monde entier.

 Petit tour parmi ces personnages silencieux et pourtant traducteurs d'émotions ressentis par leurs créateurs qu'ils nous transmettent. Bien entendu j'ai décrypté à ma manière d'une façon primaire mon ressenti.

M'informent par ailleurs via en particulier internet par curiosité, j'ai lu pour certaines de ces œuvres l'intention, assez probable, intellectuelle de l'artiste suivant l'époque et ce qu'en dissèquent les experts d'une façon plus froide. Mais cela n'enlève pas le ressenti émotionnel de l'artiste et de celui qui admire son œuvre.

Julie Fleurie

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L'odalisque de marbre

Nonchalamment étendue

 Blancheur du marbre immaculé

Tu regardes passer  tes admirateurs éperdus

Cependant ton sein a légèrement tremblée

Lorsque le plus hardi sur ton corps a osé

                           De sa main te frôler avec une rose                         

Qu'il a doucement déposé

Au creux de ton corsage, fleur à peine éclose

Gangue de pierre

Sens tu ces regards bienveillants?

Qui s'attachent  à toi , tel un écrin de lierre

Peut-être enfin vas tu sourire, ton corps s'éveillant. 

Julie Fleurie