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Rencontre avec le courage
Le cap Frehel soleil couchant - photo personnelle
Rencontre avec le courage
La maladie est sans frontière, universelle elle ne fait pas de distinguo entre une peau blanche ou colorée, entre un humain ou un animal.
Nous voyons autour de nous beaucoup de personnes amis, voisins ou inconnus atteints de maladies plus ou moins graves, invalidantes ou pas trop.
L'envie de faire ce petit papier vient des reproches d'une amie à mon encontre devant, lui semble t-il, mon insensibilité face à ses problèmes de santé, je ne le perçois pas comme ça je me rends compte plutôt de mon impuissance devant sa fragilité physique et mentale, je ne lui en veut pas de dire son ressenti je sais qu'elle souffre de ne pas être comprise mais je ne trouve pas les mots pour la soulager et me dis que l'on est bien seule face à ce qui nous arrive.
Il se trouve que dans la même semaine par hasard lors d'une petite marche dans la campagne j'ai rencontré une jeune femme, 52 ans, qui ayant sans doute besoin de parler a fait un bout de chemin avec moi.
Auto portrait - Frida Kahlo 1940
Frida Kahlo est une artiste peintre qui commença la peinture dans des circonstances tragiques, à 18 ans alors étudiante en médecine elle est victime d'un grave accident de la circulation qui la contraint à une interminable convalescence. Pour tromper l'ennui et se détourner du désespoir, elle se mit à la peinture, un chevalet et un miroir suspendu fixés à son lit, ainsi elle exécuta ses premières toiles.
Cette marcheuse s'est mise à m'expliquer qu'elle faisait souvent cette promenade pour renforcer ses muscles afin de pouvoir tenir en état son squelette osseux, elle en était à son second cancer des os, le premier s'est loger dans sa colonne vertébrale que le chirurgien a réparé en cimentant les vertèbres, ce qui la fait se tenir bien droite et le second depuis 2019 se manifeste au niveau de ses épaules, clavicules?.. l'articulation de ses bras est très douloureuse elle m'a expliqué ses douleurs et ses efforts d'une façon très naturelle sans se plaindre, pleine de gratitude à l'encontre du spécialiste et du chirurgien qui la suivent depuis plusieurs années
Elle avait un accent... sans que je lui le demande elle m'a dit qu'elle était Roumaine et m'a expliqué son parcours, elle est d'une famille moyennement aisée pas riche mais pas pauvre non plus, elle avait appris le métier d'infirmière en Roumanie, très mal rémunérée dans son pays, jeune, elle a voulu s'expatriée en Italie mais naturellement elle n'a pas été embauchée en tant qu'infirmière, j'ai compris qu'elle avait travaillé dans un restaurant puis avait rencontré son mari français elle se trouve depuis pas mal d'années dans notre région. Elle m'a dit qu'apprendre la langue avait été assez difficile, tout le monde ne peu pas être douée mais l'urgence et la nécessité aide, apparemment elle se débrouillait très bien et finalement se trouvait trilingue. Bien que mariée a un français, elle n'avait pu obtenir sa nationalité française qu'après un parcours assez long et certaines conditions bien précises, ce qui est logique, cela faisait cinq ans qu'elle avait enfin eu ce droit , elle m'a dit travailler en atelier dans une entreprise près de chez nous.
Des courageux on en côtoient tous les jours sans le savoir il y a ceux que l'on connaît et les autres, des gens de tous bords, atteints d'une maladie irréversible ou grandement invalidante qui en plus ont à faire face pour certains aux dilemmes que la vie sait très bien organiser ou que quelquefois on a pas su éviter.
L'intensité d'un regard - Paula Modersolin Becker 1905
Elle m'a fait pensé à trois de mes amies décédées il y a 3 décennies passées pour deux d'entre elles, elles aussi ont eu beaucoup de courage devant l'inévitable, je les ai admiré pour la force de caractère, le courage, qu'elles ont montrées en particulier vis à vis de leur famille proche, sachant que leur vie allait devoir prendre fin bien avant ce qui aurai dû être dans l'ordre des choses.
Le courage devant la maladie grave me semble impossible, je penses ne pas être à la hauteur d'un tel effort étant affaiblie par ailleurs et pourtant .. Je me souhaite de le rencontrer quant ce sera le moment, mais à l'encontre de tous les gens jeunes atteints, j'aurai eu la chance d'arriver à un âge où il faut bien laisser la place.
Julie Fleurie
Le jardin à Bougival - Berthe Morisot 1884
Les Roses
(extraits)
Eté : être parfait
le contemporain des roses;
respirer ce qui flotte autour
de leurs âmes écloses.
Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette sœur
en d'autres roses absentes.
Amie des heures où aucun être ne reste,
où tout se refuse au cœur amer;
consolatrice dont la présence atteste
tant de caresses qui flottent dans l'air.
Si l'on renonce à vivre, si l'on renie
ce qui était et ce qui peut arriver,
pense-t-on jamais assez à l'insistance amie
qui à côté de nous fait son œuvre de fée.
Rainer Maria Rilke
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Commentaires
Bonjour Julie,
Trouver les bons mots les bons gestes les bons regards. Pas toujours facile.
Être humble et attentionnée.Chaque personne à sa façon de voir et ressentir les choses , très difficile d'accompagner avec les bons mots
et les bons gestes une personne malade . Mais faut-il encore que la personne se prenne en main ...
Je peux te dire Julie que j'ai vécu avec l'accident de mon mari des moments que je ne souhaite à personne .
Et contrairement à ce que je disais en parlant de moi : que je ne trouverai pas le courage d’affronter un cas grave
Et bien là je me suis surprise moi même et j'ai décuplé une force en moi et jamais montré combien j'étais inquiète
pour la suite de sa vie . Après 4 mois d’hôpital et nombreuses opérations et complications il a fallu apprivoiser
l'étape du fauteuil roulant ...... Mon mari aurait pu me dire , mais tu ne pleures pas , tu es insensible , mon cas
ne te préoccupe pas plus que ça etc etc .......mais par contre il a avoué lorsqu'on a été sortis de l'enfer que je
l'avais beaucoup aidé en me voyant toujours positive et affrontant avec courage toutes les étapes . Donc pour
ton amie c'est peut être lorsqu'elle sera sortie de galère qu'elle te dira le contraire de ce qu'elle te dis aujourd'hui .
Mais il y a des personnes qui ne font rien pour sortir de leur galère et attendent tout des autres .....Bien dommage .
Bonne journée Julie
Avec mon amitié
Bertille
Pour certains la vie est facile, pour d'autres elle est difficile. Pour autant, pas toujours simple de trouver les bons mots, mais cela ne signifie pas que nous sommes insensibles. Et puis, je pense que le courage et la force de tempérament sont bien plus fort que l'apitoiement, mais certains ne le comprennent pas.
Aucun traitement sur mes photos.
Bonne journéeUn sujet grave qui touche chacun selon sont tempérament... il est difficile de savoir comment nous sommes capables de réagir tant que nous ne sommes pas concernés directement... Je suis persuadée que nous avons tous des ressources insoupçonnées pour faire face mais que quoi qu'il en soit c'est une rude épreuve...
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Les gens réagissent différemment devant la maladie. Certains ont besoin d'être le centre de l'attention pour ne pas se sentir mourir. Le regard, l'attention, la parole autour de soi, c'est la vie, c'est repousser la mort le plus loin possible, c'est exister encore. C'est peut être le cas de ton amie.
D'autres sont dans le fatalisme. Ils sont malades, ils en parlent d'autant plus facilement qu'ils savent ne rien pouvoir changer à la chose. La seule chose qu'ils puissent faire, c'est de se battre parce que c'est dans leur instinct, parce qu'ils ont encore envie de vivre.
D'autres baissent les bras, s'enferment sur eux, se laissent mourir doucement parce qu'ils n'ont plus la force, parce qu'ils n'ont plus envie, parce que c'est trop dur pour eux.
Et dautres encore sont dans le déni. On ne parle pas de la maladie, on ne lui donne aucune place parce qu'elle n'existe pas, elle ne peut pas, ne doit pas exister.
Il y a sans doute d'autres cas de figure mais fasse à la maladie nous sommes inégaux. Nous faisons face avec notre passé, notre force de caractère, notre lassitude, notre révolte. Chacun porte son poids avec ce qu'il est comme il le peut et ce n'est jamais facile pour l'entourage de se situer face à ça.
Ne prends pas à coeur ce reproche, c'est une forme d'appel au secours. Tu donnes ce que tu peux en fonction de ton propre vécu, en fonction de tes propres blessures. Tu n'as pas à, ne dois pas porter le poids de la maladie des autres. Si tu te sens suffisamment forte, sois juste une écoute et une présence. Mais pense aussi à toi, à ne pas te blesser au passage.
Bonne journée Julie. Je reviendrai plus tard lire l'article suivant