-
Rougequeue noir photo François Desbordes L'oiseau Mag
Histoire d'oiseaux
Une petite route départementale de chaque côté longée par une prairie, sur sa droite un château fort, posé sur un mamelon, domine, à sa gauche une prairie avec çà et là un chêne bicentenaire et un bosquet d'arbres, merisiers et pruniers, au promeneur attentif parvient un bruit comme un cliquètement, une sorte de bruit de verre pilé ou de papier froissé, posé sur une des branches d'un merisier un rougequeue tête noir (appelé aussi hoche queue, queue rousse) fait part de son contentement, sa femelle n'est pas loin, perchée sur une barrière en bois séparant une petite partie de la prairie.
Merlette dans un houx photo Ray Kennedy L'oiseau Mag
Le merisier qui était en train de distribuer généreusement, avec l'aide d'un petit courant d'air, ses feuilles dorées comme des pièces d'or s'est arrêté d'agiter ses multiples bras pour écouter ce bruit émis, avec douceur et contentement, qui ne vaut pas il en convient certaines mélodies lancées par des ténors à l'habit pas plus exubérant que celui-ci, mais, le merisier à de la compassion pour cette petite chose toute de plumes, à la queue de pie rousse, il se dit que c'est tout de même une petite musique et il en est le bénéficiaire.
Mésange bleue - L'oiseau Mag.
La femelle rougequeue à tête noire attend son compagnon tout en profitant d'un fin rayon de soleil d'automne. Le couple a négligé le château tout de pierre où ils auraient sans doute pû trouver un habitat confortable mais le voisinage des pigeons biset qui, eux, y sont à l'année, les en ont dissuadés, les pigeons sont très bavards et toujours amoureux leurs roucoulades lassent les voisins plus "taiseux".
Fauvette à tête noire nourrissant ses petits - dessin de Elsa Bugot - L'oiseau Mag.
Ils ont choisis une coquette maison des années 20 qui côtoie la petite route départementale à la suite de l'une des prairies, de beaux arbres y sont les gardiens, une treille de vignes vierge aux feuilles automnales presque rouges longe le mur d'enceinte, un bassin de pierre orne la cour intérieure permettant aux habitants ailés de s'abreuver. La propriété est bien entretenue alors que ses propriétaires viennent à peine un mois par an. Les petits amis du merisier ont bien su sélectionner leur habitat.
Sont ils là pour hiverner? ou sont ils là à l'année?. Certains rougequeues à tête noire restent à l'année dans notre région (Rhône Alpes, Auvergne), d'autres arrivent au printemps de mars à fin novembre venant de l'Est de l'Europe, Turquie, Moyen Orient, Caucase, ils trouvent leur nourriture au sol ou en vol, insectes, larves quelquefois baies si ils n'ont rien d'autre. Madame est un peu plus claire que Monsieur entre gris brunâtre et gris noirâtre, la queue rousse pour chacun et quelquefois pour Monsieur le poitrail roux. C'est un petit oiseau discret peut-être, tout de même, moins que le rouge gorge.
Julie Fleurie
Vol de Barges à queue noire aux premières lueurs de l'Aube dans la région d'Angers - photo L'oiseau Mag.
Les voyageurs de haut vol
Dans le ciel passent les voyageurs, à grands coups d'ailes
Ils n'ont pas de temps à perdre, un ailleurs les attend.
Ils ont déjà traversé tant de contrées, qu'il vente, qu'il grêle
Rien ne les distraits de cette route tracée par des temps
Immémoriaux, suivis avant eux par leurs ancêtres.
Vautour Fauve dans les Pyrénées - l'oiseau Mag.
Admirons ces êtres faits de plumes et de muscles.
Ils sont majestueux, formant une escadrille, pas besoin d'interprètes
Pour suivre leur chemin traversant des pays différents, le cycle
Sera accompli et d'eux naitront de nouveaux athlètes.
J'envie leur liberté, les regardant ma joie est complète.
Julie Fleurie
Canard Pilet mâle dans la neige - photo FRAPNA Loire
Les Contemplations - L'hirondelle au printemps
L'hirondelle au printemps cherche les vieilles tours,
Débris où n'est plus l'homme, où la vie est toujours;
La fauvette en avril cherche, ô ma bien-aimée,
La forêt sombre et fraîche et l'épaisse ramée,
La mousse, et, dans les nœuds des branches, les doux toits.
Qu'en se superposant font les feuilles des bois.
Ainsi fait l'oiseau. Nous, nous cherchons, dans la ville
Le coin désert, l'abri solitaire et tranquille,
Le seuil qui n'a pas d'yeux obliques et méchants,
La rue où les volets sont fermés; dans les champs,
Nous cherchons le sentier du pâtre et du poète;
Dans les bois, la clairière inconnue et muette
Où le silence éteint les bruits lointains et sourds.
L'oiseau cache son nid, nous cachons nos amours.
Victor Hugo
L'oiseau Mag.
7 commentaires -
Le monde n'est pas en forme
Le joueur secret Magritte 1927 - ( à remarquer à droite la femme a un masque)
Partie gauche du tableau que j'ai scindé en deux (je m'en excuse auprès de Magritte)
Bousculons nos entraves, ouvrons les voies de notre imaginaire
Nous vivons des moments difficiles, compliqués pour beaucoup, le monde n'est pas en forme! les informations que nous recevons nous donnent un goût amer sur notre époque. Nous avons besoins de soleil, de gaîté, de beauté, bousculons nos entraves.....Suivez moi.
N'oublions pas notre palette de couleurs, notre flûte enchantée, ôtons le carcan qui nous entrave, habillons nous de mousseline légère, partons à la rencontre d'un ailleurs.
Nous voici au milieu de fleurs qui ne fanent pas, la prairie étale son doux tapis afin que nos pas soient léger, des papillons bleus en un glissement soyeux font une farandole autour de nous, plus loin des enfants aux rires cristallins jouent auprès d'une vasque,
Enfants à la vasque - Berthe Morisot 1886 - huile sur toile
nous croisons des grues qui partent dans un envol gracieux malgré leur taille et qui une fois ayant pris leur place dans les airs, donnent du sens au mot liberté, la haut!.. pas de contrainte, le ciel azuréen en est le témoin.
Les grues - Léonard Isuguharu Foujita 1918
Installons notre chevalet, peignons sur la toile ce que notre cœur nous dicte, des étoiles d'or, un ruban de soie argenté s'étire.. peut-être une comète?..
La belle captive - Magritte vers 1950 - huile sur toile
A l'horizon des jets de couleur rouge semblent s'éloigner, peut-être les foudres du mauvais sort qui ne trouvent pas leur place sur ce tableau, sur fond de couleur améthyste , plus avant un sol d'un ocre chaud.
étude de dune pointilliste - Piet Mondrian 1909 - variation chromatique
Une femme se détache entre ses couleurs capricieuses et qui semblent se heurter, elle est en blanc , elle danse elle tient d'une main une longue écharpe en voile léger qui ondule en réponse à chacun de ses gracieux mouvements.
La danse - Alphonse Mucha 1898
Soudain un concerto porté par le jeu mélodieux des violons s'élève, la flûte fait son entrée suivit de la harpe, Mozart est venu s'inviter pour ajouter un instant de bien-être dans cet espace que nous avons habillé de nos vœux les plus fous.
Contraste entre la réalité et notre subconscient qui réclame de la légèreté, de la beauté, exportation vers un ailleurs, mais, sur fond de couleurs violentes.
Julie Fleurie
La danse - Léonard Isuguharu Foujita 1917
L'ambiance est morose
Je veux voir la vie en rose
Ambiance imbuvable
Ambiance insupportable
*****
Ciel de plomb
Nous tremblons
Le soleil offre ses rayons
voila que nous sourions
*****
Des oiseaux dans le ciel passent
Notre tristesse tout à coup trépasse
Un enfant près de nous joue, le temps est suspendu
Nous nous disons que peut être .. rien n'est perdu.
Julie Fleurie
13 commentaires -
Pièce de théâtre de Molière "Le malade imaginaire" à Versailles
Le théâtre de la vie
La vie est une pièce de théâtre ou une piste de cirque, nous la jouons en trois actes pour ceux qui ont la chance d'y arriver.
Acte 1er - Dès la naissance à notre sortie à l'air libre nous pleurons si nous ne le faisons pas on nous donne des tapes sur les fesses, première découverte il faut pleurer ou obéir à une injonction et...pleurer, l'entrer en matière est un peu déconcertante mais...elle est vitale.
Ensuite nous sommes tributaire de notre entourage, chaleureux, bienveillant, hostile, peu intéressé par notre présence, très attentif à nos progrès, complètement indifférent à notre curiosité, désirant notre réussite dans la vie, ne s'impliquant pas pour notre futur.. la loterie.
Nous avons la peau lisse, les articulations souples, les muscles bien tendus et le cerveau en demande de connaissance. Nous grandissons heureux, malheureux, insouciant ou déjà plus mure que notre âge.. la loterie.
On apprend le texte de la vie, on découvre, nous sommes un fruit encore vert plein de certitude sur le fait que mûr il n'aura pas son pareil.
Une danseuse saluant, un bouquet à la main droite Edouard Degas 1877 pastel et huile sur toile
Acte 2 - L'âge adulte, temps du travail, temps parental ou pas, temps de l'affrontement avec le monde, temps ou l'on se rend compte petit à petit si l'on est du bon ou du mauvais côté, temps de l'ambition, temps de la galère, temps de la réussite.
L'acte que nous jouons est primordiale pour les temps futurs, nous nous ajustons à ce qui nous est proposé, nous faisons beaucoup d'efforts, nos compétences sont en jeu, pour certains les bases sont très fragiles, on n'aboutit pas toujours ou l'on aurai voulu , jouons nous un drame? une farce? un conte de fée? une comédie? un vaudeville? une pièce baroque? nous jouons notre vie..
Nous avons encore le teint frais, nous entretenons quant c'est possible le bon équilibre de nos membres de nos muscles, nous voulons plaire, aimer, être aimer, le cœur à son mot à dire, il bat à tout rompre, il espère, il remporte tout, il désespère.
Le milieu de la vie permet aussi de se connaître soi-même, de voir jusqu'ou l'on peu aller, les illusions petit à petit disparaissent, le bon sens peu quelquefois nous rattraper.
On fait notre tour de piste.
Le cirque Georges Seurat 1891 - huile sur toile
Mardi gras - Paul Cezanne 1888 - huile sur toile
Acte 3 - Le dénouement de la pièce est déjà arrivé, nous n'en revenons pas, le temps passe si vite...
Nous voilà riche d'expériences que nous ne pouvons pas transmettre, les temps ont changés les impératifs ne sont plus les mêmes, il y a beaucoup de boutons devant nous à appuyer pour avoir de l'instantané et faire avancer la machine vivante, mais, ce ne sont plus les mêmes boutons, ceux-ci, nous hésitons à les employer.
Le teint a viré, la peau a flétrie, les muscles ont plus de mal à nous soutenir, les articulations ont besoin d'être huilées mais.... le cerveau lui.. a gardé sa jeunesse il ne raisonne plus en adéquation avec le reste du corps, il a encore envie de danser, de faire la fête avec plus de modération bien sur, de se mesurer avec un autre, d'aimer, de se faire comprendre, il est vivant mais il sait bien que le temps lui est compté et que... demain peut-être......
Pourtant les étoiles, la lune, le soleil sont toujours à la même place, les mers, les montagnes, les fleuves, les prairies nous rappellent tant de choses, ont les reconnais, on se tourne vers eux et on leur dédie nos pensées.
Julie Fleurie
Réjouissante danse des mort - Fresque, probablement du XIXe siècle, Temple du VIIe siècle de Jokhang à Lhassa Thibet
elle figure le seigneur et la dame du cimetière - la fresque est appelée Shri Shmashana Adhipati
19 commentaires -
Tête avec panier de fruits - Guiseppe Acimboldo
La folle danse des natures mortes
Par une nuit sans lune, dans un musée désert la salle des natures mortes est en effervescence, les habitants des tableaux suspendus à leurs cimaises, immortalisés par les plus grands peintres n'en peuvent plus d'attendre depuis des jours leurs adorateurs habituels, empêchés par un malin virus, ils ont décidé cette nuit de faire une sorte de farandole, ils vont tous descendre de leur cadre et se trémousser.
Nature morte aux fraises - Adriana J. Haanen 1814-1895 - Hollande
Voici les cerises vermillon côtes à côtes avec les pêches à la peau savamment veloutée, ici les grappes de raisins couleur améthyste, là de cette belle coupe hollandaise sont descendues les fraises couleur pourpre, suivent de superbes grenades vernissées, alors qu'un ananas, orné d'un chapeau, dirait-on, constitué de ses longues feuilles que l'on pourrai prendre pour des plumes, répand son savoureux parfum, à côté de lui une longue banane toute de jaune vêtue.
La table de cuisine - Paul Cézanne - 1888 - 1890
Les pommes, les poires et les oranges de Cézanne n'ont pas demandé leur reste et ont prestement glissées de leur nappe de cuisine sans se quitter.
Nature morte aux pêches , aux raisins et au pot bleu - Madelaine Lemair 1886
Quelle folle farandole, cette nuit les natures mortes sont bien vivantes. Une musique se fait entendre, un accordéoniste s'installe sur la chaise du gardien de musée et leur joue "le temps des cerises".
Jusqu'à l'aube les natures mortes vécurent leur folle sarabande, épuisées, elles retournairent à leurs cimaises.
Ca a été plus fort qu'elles, bien que leur état habituel est d'être "nature morte", ne plus voir du monde autour d'elles devenait insupportable.
Etre solitaire est une chose mais ne plus voire bouger, vivre autour de soi, tout au moins avec beaucoup de parcimonie pour ne pas se contaminer, n'est pas très agréable.
Julie Fleurie
La belle saison
A la belle saison allons cueillir
les cerises, a la main, un panier prêt à les accueillir.
Bras dessus, bras dessous,
les enfants en tête, heureux
de gouter bientôt ce fruit savoureux.
Tout est mis en place, l'échelle calée sous
une grosse branche garnie de ces fruits délicieux.
Filles et garçons chantent, certains, plus audacieux
osent tout en cueillant, conter fleurette.
Ainsi au printemps, cerises aidant nait une amourette.
Julie Fleurie
Nature morte - Jean Baptiste Simeon Chardin 1763
14 commentaires -
Uriane et un corbeau recueilli.. photo personnelle
Uriane une chienne en "or" qui nous a sauvé la vie
Uriane a été ma première compagne canine, couleur chocolat elle était de race Field Spaniel ou Cocker Anglais. Je lui dois bien un petit moment de notoriété sur mon blog.
C'était une amie quatre pattes qui avait beaucoup de sensibilité et beaucoup d'amour pour ses maîtresses.
Par une nuit d'automne fraîche nous avions laissé mourir doucement le foyer de notre fourneau en allant nous coucher plus tôt.
Dans le courant de la nuit j'entends gémir, mon sommeil était très lourd j'avais du mal à me réveiller malgré tout je réalise que c'est Uriane qui, au pied de mon lit, lançait de petits aboiements en me regardant et voyant que je me réveillais me signifiait qu'il fallait que je descende, les chambres étaient à l'étage, je me sentais comme dans du coton et avais du mal à me lever, malgré tout bien que ne comprenant pas tout, je suivis ma chienne qui descendait les escaliers, au bas dans le couloir je vis ma mère allongée par terre évanouie, en même temps je réalisais qu'il y avait comme un brouillard, je me dépêchais d'ouvrir la porte d'entrée, ce que ma mère n'avait pas pû faire, j'allais arroser d'eau le charbon qui dégageait du gaz carbonique, ma mère revint à elle, notre chienne nous avait sauvé la vie.
Une autre fois l'une de nous deux fit une hémorragie nous n'avions pas encore le téléphone, pour appeler le docteur il fallait aller dans une cabine téléphonique pas très loin, Uriane sentit ce jour là que l'angoisse c'était installée, elle se mit à hurler à la mort, dans ses quatorze années de vie ce fut la seule fois ou elle se manifesta ainsi.
Uriane - photo personnelle
Elle était très obéissante, sur la photo ci-dessus on la voit en compagnie d'un corbeau aux ailes coupées, bien que n'ayant jamais chassée son instinct lui faisait courir après tout ce qui était fait de plumes, il fallait d'ailleurs que je sois attentive si nous passions près d'une ferme et qu'il y ai des poules vagabondes, nous aurions souvent eu du poulet rôti à manger. Ce corbeau avait eu les ailes coupées pour qu'il ne vola pas, un voisin pour faire plaisir à son petit garçon avait trouvé ingénieux ce procédé, le soir il le laissait dehors dans un jardin clos, ce pauvre corbeau venait vers moi les jours de la semaine où pour mon travail j'étais dans cet immeuble au rez de chaussée avec ce même jardin clos, il avait pris l'habitude de venir manger un peu et me tenir compagnie, Uriane pour me faire plaisir l'acceptait à son corps défendant mais ne l'a jamais touché elle le laissait même manger dans son assiette. Par contre ce pauvre corbeau est mort tué par un chien, le monsieur en question voyant que son fils ne s'intéressait plus au corbeau il le donna dans une ferme, le corbeau n'ayant pas peur des chiens s'est fait tuer, de toute façon il ne pouvait pas voler. Quant je l'ai su cela me fit beaucoup de peine et me sentis un peu coupable.
Julie Fleurie
Uriane - pastel de J.bourganelle
*****************
Le collier rouge (extrait) de Jean Christophe Rufin
A une heure de l'après-midi, avec la chaleur qui écrasait la ville, les hurlements du chien étaient insupportables. Il était là depuis deux jours, sur la place Michelet, et depuis deux jours il aboyait. C'était un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée. Il jappait méthodiquement, une fois toutes les trois secondes à peu près , d'une voix grave qui rendait fou.........
************
Dans une petite ville du Berry, écrasé par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte.
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit.
Non loin de là, dans la campagne une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère.
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes.
Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame..
Être loyal à ses amis, se battre pour ceux qu'on aime, est une qualité que nous partageons avec les bêtes. Le propre de l'être humain n'est-il pas d'aller au-delà et de pouvoir aussi reconnaître le frère en celui qui vous combat?.
Plein de poésie et de vie, ce court récit, d'une fulgurante simplicité, est aussi un grand roman sur la fidélité.
Résumé au dos du livre, édition Gallimard.
Madeleine Lemaire - aquarelle - 1889
Le chien Gaston sur un tapis persan
11 commentaires -
Aphrodite huile sur toile vers 1893 - Adolf Hirémy-Hirsche
Le Hasard
Je suis une enfant du hasard
On dit que le hasard
Fait bien les choses
Peut-être est-ce vrai, d'ailleurs j'ose
Dire que je ne suis tout de même
pas mécontente d'avoir, sans trop de dilemmes,
Visité cette planète,
Bien sur, tout n'y est pas net.
Il y a cependant des moments
Qui valent, je ne ment aucunement,
Le coup d'êtres vécus,
J'en suis convaincue, aussi je vécue
Sans me sentir étrangère
Sur cette boule bleue qu'on appelle terre, que gère
La lune, le soleil dans une atmosphère
Qui sans nul doute n'a pas sa pareille,
Donc je suis née, je vie, je mourrai sur cette sphère.
Je me dis que la terre peut-être merveille.
Julie Fleurie
Sara avec son chien - pastel vers 1901 - Mary Cassatt
*********
Portrait intérieur
Ce ne sont pas des souvenirs
qui, en moi, t'entretiennent;
tu n'es pas non plus mienne
par la force d'un beau désir.
ce qui te rend présente,
c'est le détour ardent
qu'une tendresse lente
décrit dans mon propre sang.
Je suis sans besoin
de te voir apparaître;
il m'a suffi de naître
pour te perdre un peu moins.
Comment encore reconnaître
ce que la douce vie?
En contemplant peut-être
dans ma paume l'imagerie
de ces lignes et de ces rides
que l'on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien.
Rainer Maria Rilke
**********
Voie lactée (extrait)
Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des cœurs blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses
Les démons du hasard selon
Le chant du firmament nous mènent
A sons perdus leurs violons
Font danser notre race humaine
Sur la descente à reculons
Destins destins impénétrables
Rois secoués par la folie
Et ces grelottantes étoiles
De fausses femmes dans vos lits
Aux déserts que l'histoire accable.
Apollinaire (extrait recueil Alcools)
Du silence pastel 1890 - Fernand Knopll
4 commentaires